Graphical Representation and Industrial Design Law Harmonisation
Date | 01 July 2016 |
Author | Natalia Kapyrina |
DOI | http://doi.org/10.1111/jwip.12060 |
Published date | 01 July 2016 |
Le Dessin du Mod
ele: Vecteur de l’Harmonisation
Internationale du Droit des Dessins et Mod
eles?
Graphical Representation and Industrial Design Law
Harmonisation
Natalia Kapyrina
Universit
e de Strasbourg, CEIPI
El
ement essentiel de la demande menant
alad
elivrance du titre de propri
et
e sur l’apparence d’un produit, l’
etude de la
repr
esentation graphique permet de s’engager dans plusieurs pistes de r
eflexion pour avancer sur la question de
l’harmonisation du r
egime international de protection de la forme des produits qui nous entourent. Sans chercher
a
combler le hiatus entre les dessins et mod
eles industriels et les œuvres des arts appliqu
es, nous explorons les
m
ecanismes qui permettront
al’avenir d’all
eger les disparit
es dans la pratique du droit des dessins et mod
eles,
augmentant ainsi son attractivit
e.
The graphical representation of a design is the central element of any registration procedure leading to an exclusive
right to the appearance of a product. Acknowledging that, and concentrating specifically on this formal aspect, helps
to advance the complex issue of international design protection harmonisation. Shifting from the search for somehow
bridging the gap between industrial designs and works of applied art, we endeavour to explore the mechanisms that
shall permit alleviating discrepancies in the practice of sui generis design protections, adding attractiveness to this IP
title.
Keywords design; graphical representation; harmonisation
L’harmonisation du droit des dessins et mod
eles et des œuvres des arts appliqu
es s’apparente aux fameux
probl
emes math
ematiques antiques, que sont la quadrature du cercle, la trisection de l’angle et la
duplication du cube. Face
a ce probl
eme insoluble depuis l’av
enement des deux Conventions
internationales majeures,
1
il est entendu que la raison de cet
echec des forces harmonisatrices r
eside dans
l’objet pour lequel la protection est recherch
ee. Cet objet hybride ne se plie gu
ere
a la construction binaire
du r
egime international de la propri
et
e intellectuelle (Reichman, 1994; Suthersanen, 2004), c’est un peu
comme, du fait de la transcendance du nombre pi, la √pn’est pas constructible
alar
egle et au compas,
pour r
esoudre la quadrature du cercle.
N
eanmoins, nous vivons
a une
epoque de diffusion commerciale
a travers le monde de produits
a
l’apparence identique sans pr
ec
edent. Comme il a
et
e observ
e et promu par Th
eodore Levitt dans un
article de 1983,
2
l’offre de produits standardis
es sans diff
erenciation selon les pr
ef
erences locales des
consommateurs est devenue le mod
ele d’affaires pr
edominant des entreprises
al’aune de la
mondialisation. La distribution de produits homog
en
eis
es permet bien s^
ur de r
eduire les co^
uts,
les d
elais, et maintenir une certaine qualit
e, ce qui, dans le contexte
economique actuel, ne risque pas de
devenir une pratique obsol
ete, malgr
e les critiques qui peuvent lui ^
etre adress
ees. Quoi qu’il en soit, c’est
la diversit
e des r
egles relatives
a la protection de cr
eations de forme qui interpelle le juriste, le droit
des dessins et mod
eles
etant parmi les moins harmonis
es.
3
L’harmonisation juridique internationale en
soi est d
ebattue, certains auteurs d
eplorant les disparit
es, menant
a un manque de s
ecurit
e juridique, de
©2016 John Wiley & Sons Ltd 131
The Journal of World Intellectual Property (2016) Vol. 19, no. 3–4, pp. 131–147
doi: 10.1111/jwip.12060
clart
eetdepr
ecision (Passa, 2015, §10; Perot-Morel, 1978), d’autres pointant les b
en
efices d’une
marge d’appr
eciation des Etats indispensable pour pr
eserver les sp
ecificit
es locales (Kingsbury, 2010).
Il s’agit
egalement d’un d
ebat qui d
epasse le cadre de cet article, mais dont nous tenons pleinement
compte.
L’harmonisation suivant la d
efinition du Professeur Jeammaud (1998, p. 43–44), s’entend comme
«la r
ealisation, dans le respect de la pluralit
e des droits
etatiques, d’une
equivalence des r
egles
nationales, ou plus pr
ecis
ement d’une
equivalence des co^
uts et avantages socio-
economiques ou des
situations juridiques (
equivalence des droits et des obligations, des facult
es et des contraintes), r
esultant de
leur application ».S’il s’agit d’une des formes de «r
eaction
a la pluralit
eet
a la diversit
e des ordres
juridiques »(Jeammaud, 1998, p. 35), l’harmonisation semble ^
etre la plus tol
erante des diversit
es
juridiques, par rapport
al’uniformisation ou l’unification. Au regard des trait
es internationaux existants,
principalement de la Convention de Berne, de la Convention de Paris, de l’Arrangement de la Haye, de
l’Accord sur les ADPIC, le degr
ed’harmonisation substantielle peut sembler suffisant, les textes
renfermant les compromis n
ecessaires au bon fonctionnement des
echanges. Cependant c’est dans leur
application que les acteurs rencontrent toujours plus de difficult
es, sachant que le contentieux des dessins
et mod
eles grandit
al’
echelle internationale.
4
Ces disparit
es-l
a gagneraient
a^
etre att
enu
ees, et c’est sur
cette hypoth
ese de travail que nous nous appuierons. Nous partirons du principe, conform
ement
a
l’article 2§7 de la Convention de Berne, que le cumul des protections par les droits de propri
et
e litt
eraire
et artistique et d’un ou plusieurs droits de propri
et
e industrielle (droit des brevets, droit sui generis,
droit des marques) reste du ressort de chaque ordre juridique.
5
La protection de l’apparence de produit
est une mati
ere juridique tirant ses racines profondes dans les politiques industrielles et culturelles
nationales, mais surtout elle est confront
ee
a une innovation technologique constante et une forte
sectorisation. L’enjeu est ici celui de l’articulation des droits, mais aussi de la recherche de solutions les
plus pertinentes et efficaces pour chaque cas de figure. Notre expos
e portera essentiellement sur les
droits enregistr
es, sans les mettre en comp
etition avec les droits non enregistr
es, mais constatant certains
de leurs avantages et surtout le fait qu’ils font l’objet d’initiatives internationales d’envergure, comme
nous le verrons.
6
Un
el
ement nous para^
ıt remarquable par sa granularit
e parmi les diff
erents syst
emes de protection des
formes fond
es sur l’enregistrement et nous laisse croire qu’il s’agit du vecteur d’une convergence
nouvelle. Il s’agit de la repr
esentation graphique du dessin ou du mod
ele d
epos
e, de l’image accompagnant
la demande d’enregistrement. El
ement universel s’il en est, ne n
ecessitant a priori pas de traduction,
source potentielle de frais et de malentendus, l’image est ce v
ehicule par lequel la forme d’un t
el
ephone ou
d’une fourchette est enregistr
ee aupr
es des offices des Etats-Unis d’Am
erique, Chinois ou Russe sous le
r
egime d’un brevet sp
ecial,
7
c’est
egalement l’
el
ement central de la demande d’enregistrement d’un dessin
ou mod
ele communautaire et d’autres syst
emes sui generis.
8
En toute rigueur, la constitution de preuves en
droit d’auteur, par le biais d’une enveloppe Soleau par exemple, renferme
egalement cet
el
ement figur
e.
Comme nous le verrons par la suite, le dessin du mod
ele n’est pas une simple formalit
e administrative, ses
fonctions juridiques lui conf
erent une port
ee bien plus solide. Nous nous efforcerons de montrer ainsi
l’importance de cet
el
ement a priori anodin et envisagerons plusieurs initiatives internationales qui placent
le dessin du mod
ele au centre d’une harmonisation raisonn
ee et pragmatique.
La port
ee du dessin du mod
ele
Dans une perspective historique, le Professeur Bently accorde
a la centralisation du d
ep^
ot de la
repr
esentation du mod
ele le r^
ole fondateur du droit de la propri
et
e intellectuelle moderne (Sherman &
Bently, 1999, p. 63 ff). En France, l’introduction du d
ep^
ot de l’
echantillon, puis du dessin de fabrique a
egalement accompagn
eled
eveloppement de cette branche de la propri
et
e intellectuelle (Bougeard,
Natalia Kapyrina Le Dessin du Mod
ele
©2016 John Wiley & Sons Ltd
132 The Journal of World Intellectual Property (2016) Vol. 19, no. 3–4
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